Être un être humain, c’est avoir inévitablement, dès sa plus tendre enfance, des blessures, des traumatismes. Ils rythment les aléas de nos vies. Ils participent à la construction de nos émotions, pensées, croyances, valeurs, et deviennent même une part de notre personnalité. Vouloir supprimer entièrement toutes blessures et traumatismes en nous reviendrait à enlever une pièce indispensable à notre fonctionnement.
Toutefois, il reste possible, et par moment nécessaire, de venir alléger certaines traces douloureuses du passé. Nous allons donc chercher à comprendre globalement comment fonctionnent ces blessures et traumatismes pour en déjouer les pièges et s’en alléger en cas de nécessité.
Comment tout cela fonctionne t-il?
Les traumatismes peuvent être définis comme “l’ensemble des troubles psychiques ou psychosomatiques provoqués accidentellement par un agent extérieur au sujet” (définition du Larousse). Quant aux blessures, elles viseraient certains types de traumatismes, arrivés principalement durant l’enfance. Nous parlons surtout aujourd’hui de 5 blessures majeures popularisées par l’auteur Lise Bourbeau : le rejet, l’abandon, la trahison, l’injustice et l’humiliation. Nous aurions tous connu(e)s, jeunes, des situations ayant immanquablement créé chez nous au moins une de ces cinq blessures.
L’origine des traumatismes et blessures peut être autant physique, tel qu’un accident, que psychique. Les traumatismes psychiques peuvent se créer suite à des situations ponctuelles ou du fait de leur répétition. Ils peuvent être lié à un évènement traumatisant par la souffrance ressentie, et cette souffrance peut être déclenchée par nos croyances. Par exemple, une personne associe à son travail une haute reconnaissance sociale. Et cette personne a hautement besoin d’être reconnue. Perdre son travail peut alors être vécu comme un traumatisme alors que pour cette même situation un autre individu n’en sera pas affecté.
Dès lors que le traumatisme est créé, le corps va faire en sorte que nous n’ayons plus à revivre une telle situation en mettant en place des “mécanismes de défense”. Selon la définition d’Henri Chabrol, les mécanismes de défense sont “des processus mentaux automatiques, qui s’activent en dehors du contrôle de la volonté et dont l’action demeure inconsciente, le sujet pouvant au mieux percevoir le résultat de leurs interventions et s’en étonner éventuellement”.
Ces mécanismes s’expriment d’innombrables façons. Ils peuvent se manifester via les stress ou les émotions comme la peur afin de nous faire vite réagir pour éviter la situation. Aussi, et moins évident, ces mécanismes peuvent être de l’ordre de la pensée. A titre d’exemple, afin de nous éviter de revivre un situation traumatisante, telle qu’un accident de voiture, le cerveau peut créer des croyances inconscientes afin d’éviter de reprendre la voiture. La personne pourra alors voir son appétence pour la ville augmenter et se convaincre que cette évolution est due à d’autres facteurs. Elle pourrait même, sans s’en rendre compte, tomber plus facilement amoureuse d’une personne qui se dirait contre la voiture !
Ces traumatismes et blessures sont, en soi, normaux, car nous sommes fait pour fonctionner ainsi. Toutefois, plusieurs problématiques peuvent se créer, nécessitant alors d’attirer notre attention dessus.
Des difficultés rencontrées
Tout d’abord, l’effet créé par le mécanisme de défense peut être une, voire des émotions ou réactions physiobiologiques qui, à elles seules, en fonction de la manière dont elles s’expriment, de l’intensité et de la fréquence d’activation, peuvent devenir réellement handicapantes. Par exemple, une personne peut se retrouver en crise d’angoisse à la moindre pensée d’un traumatisme ou se retrouver paralysée de peur. Ces blessures peuvent aussi prendre la forme de cauchemars, de vertiges, de tremblements, ou encore de maladies telles que le psoriasis.
De surcroît, ces mécanismes peuvent prendre l’apparence de valeurs excessives. Les valeurs sont des croyances profondes qui vont entraîner des réactions émotionnelles fortes chez l’individu lorsqu’elles sont activées. Le contour de ces valeurs peut avoir été façonné après un événement traumatisant. Par exemple, si une personne a eu, lorsqu’il était enfant, le sentiment d’être “nulle” au point que son cerveau se dise qu’il ne voudra plus jamais revivre ce sentiment, alors elle se mettra à courir, souvent inconsciemment, derrière des situations qui lui retourneront une image d’intelligence et y accordera beaucoup de valeur. Elle finira par croire que cette valeur de l’intelligence a toujours fait partie de sa personnalité.
Ces valeurs excessives peuvent malmener la vie. Par exemple, elles vont se laisser difficilement mettre en balance avec d’autres valeurs et besoins fondamentaux. Elles peuvent rendre notre vie relationnelle difficile car nous jugeons fortement les autres à travers nos valeurs. Elles sont aussi et surtout anxiogène et s’auto-alimentent négativement. En effet, si le cerveau se dit: “il est dangereux de voir des voitures rouges, il ne faut donc plus jamais en voir”, alors il va constamment épier autour de lui la couleur des voitures, et être constamment dans l’angoisse d’en voir une.
Aussi, épier des voitures rouges ne peut qu’augmenter les chances de… voir encore plus de voitures rouges ! Et de raviver alors la blessure et peine en lien. En d’autres termes, si nous reprenons le cas de l’intelligence, nous focalisons notre attention sur tous les détails qui pourraient confirmer que nous sommes nul(le) et en être régulièrement affecté(e). Car la valeur excessive a toujours peur que ce qu’elle craint, comme la peur d’être nul(le), se réalise. Pour tenter de se rassurer, elle profitera de la moindre occasion pour se mettre à l’épreuve, et donc augmenter les chances de vivre un échec, et de revivre encore et encore la blessure à l’origine de la valeur excessive.
Par ailleurs, les mécanismes de défense peuvent entrer en conflit avec d’autres mécanismes ou besoins. Par exemple, notre cerveau pourrait, après une séparation profondément douloureuse, faire le choix d’activer le système d’angoisse ou de fuite dès lors qu’une personne commencerait à nous plaire. Pourtant, nous pouvons avoir aussi un besoin profond d’amour, de partager notre vie avec quelqu’un, qui se retrouve alors difficilement satisfait.
Enfin, ces blessures et traumatismes sont difficiles à repérer car elles sont souvent bien cachés dans les tréfonds de l’inconscient !
Les solutions, me voilà !
Quand bien même la tâche n’est pas des plus aisée, il est entièrement possible de travailler sur ces blessures et traumatismes.
Voyons d’abord une première solution: soigner la blessure elle-même. La première étape sera d’observer, pour trouver quel est le traumatisme en nous à l’œuvre derrière les comportements, pensées ou émotions qui nous handicapent. Et pour viser juste, il faut récolter des indices. Cherchons par exemple ce qui se répète dans notre vie et qui nous tourmente. A quel moment un mécanisme de défense qui nous pose problème se déclenche t-il? Dans quelle situation? Quel est notre comportement, quelles sont les émotions que nous ressentons?
Et surtout : quelle croyance, à ce moment-là, s’active? Serait-ce des phrases du type: “je suis nul(le)”, “personne ne m’aime”, “c’est injuste” etc. Serait-ce non pas un mécanisme de défense qui pose problème mais un conflit entre ce mécanisme et une autre variable qui nous constitue (un désir, une habitude, une croyance, un autre mécanisme de défense…)?
Rappelons que s’observer demande du temps, et de surcroît au début, le temps de découvrir réellement ce qu’est l’observation, et la pratiquer régulièrement pour arriver à en faire une habitude afin de réduire le coût d’énergie requis.
Après avoir mieux cerné vos blessures et traumatismes, il est temps de passer à l’action. Mais, tout d’abord, avez-vous envie de passer à l’action? Si vous semblez traîner des pieds, vous pouvez observer aussi ce qui vous empêche là, tout de suite, d’agir.
Si vous vous sentez prêt(e), il est temps d’expérimenter ce qui marche pour vous. Un travail thérapeutique sur le souvenir de la blessure, ou la charge émotionnelle négative directement associée, ou encore sur le ou les croyances qui résultèrent de ce souvenir. Ou un travail de répétition, notamment de positivité, qui peut à lui seul déjà bien réduire les automatismes négatifs résultant des blessures et traumatismes.