Comme vous l’aurez certainement lu dans les articles de la première partie, il est souvent indiqué de débuter par l’observation. L’idée est d’apprendre à son cerveau une démarche de “paisible enquêteur” sur soi-même. Pourquoi paisible ? Car si l’enquête est effectuée dans des moments où les émotions sont très actives, beaucoup de nos croyances sur nous-mêmes sont activées, et de surcroît celles qui nous limitent ou empêchent d’avancer.
Nous allons donc lister d’abord les différents intérêts à tenter de rentrer dans une démarche d’observation et ensuite esquisser un petit mode d’emploi pour aider dans cette démarche.
Intérêts et effets
Il est normal d’avoir inconsciemment et consciemment une image, et plus particulièrement des croyances sur nous-même, notre façon de fonctionner, ou encore sur ce que nous pensons être les causes de nos problèmes. Toutefois, ces croyances sont forcément limitantes et il devient par moment nécessaire de prendre plus de hauteur sur celles-ci pour cerner un peu mieux l’origine de notre/nos problématique(s) et atteindre le(s) changement(s) souhaité(s). L’observation permet de prendre ce recul.
Par ailleurs, les bénéfices créés par le fait-même d’être dans une posture d’observation vont aider globalement à renforcer notre toile et à atteindre notre/nos objectif(s). En effet, le fait de se mettre à observer ce qui se passe dans notre corps, à la place d’être directement en “réaction”, crée un état psychique proche de celui que nous retrouvons en méditation ou hypnose permettant alors les mêmes bénéfices: diminution du stress, augmentation de l’énergie etc.
Aussi, développer cette posture permet de mieux conscientiser la relativité de la perception de la réalité. Cette relativisation peut entraîner des effets qui aideront eux-aussi à consolider notre toile. A titre d’exemple, relativiser permet de gagner en autonomie de pensée, d’être moins manipulé(e) ou susceptible aux propos des autres ou encore de diminuer les peurs liées à des croyances.
Enfin, l’observation peut avoir un effet direct de changement sur les problématiques. En effet, il peut arriver que la compréhension/conscientisation de l’origine d’une problématique (peur, croyance etc.) peut venir directement atténuer ou transformer celles-ci.
Comment tout cela fonctionne t-il ?
Le postulat de départ est que nous avons la possibilité de ménager un espace au sein de nous-même nous permettant d’évoluer. Comment aménager cet espace ?
L’idée première est d’admettre que, peut-être, nous ignorons encore beaucoup de choses sur nous, et peut-être même que nous nous trompons sur certains aspects. Et de faire comme si, pendant l’instant de quelques minutes, nous étions des non-sachants qui souhaitent juste s’observer, sans jugement, sans chercher même à comprendre et poser tout de suite un “diagnostic”. L’idée n’est donc pas de chercher à “comprendre”, mais plutôt de chercher à se rendre compte, à conscientiser ce qui se passe.
Quoi observer ? Tout peut être bon à prendre, car, rappelons-le, même si nous ne sommes pas certains de travailler sur le bon fil au départ, nous allons dans tous les cas travailler sur un qui viendra consolider notre toile dans son ensemble, et donc indirectement le fil qui nous intéresse prioritairement. Nous pouvons, par exemple, commencer à observer nos douleurs. Nous pouvons aussi observer notre situation sociétale, relationnelle, une émotion en particulier, notre manque de motivation. Ou encore s’intéresser aux situations qui se répètent dans notre vie et qui posent problèmes. Cela peut être encore l’observation de nos pensées pour se rendre compte de la quantité et de leur caractère aléatoire arbitraire et automatique pour bon nombre d’entre elles. Et la liste est loin d’être exhaustive.
Comment observer ? Tout d’abord, il est important de comprendre la différence entre observer un phénomène en nous, et réagir à ce phénomène. Par exemple, dans le cas « je sens de la colère monter contre quelqu’un”, réagir serait “je réagis à cette colère en attaquant verbalement cette personne”, observer serait: « quelles sont les parties de mon corps contractées lors de cette émotion, quel contexte, quel état psychique (quelles sont mes pensées, mes croyances activées)? Ai-je déjà eu l’impression de vivre cette situation et quand? ».
Il est important donc de travailler la “conscientisation” et non la compréhension mentale, car cette dernière active justement le mental qui réduit la qualité de l’observation de soi. Aussi, en laissant de la place à l’inconscient en diminuant le mental, nous augmentons nos chances que le changement se passe plus facilement et rapidement, quand bien même nous ne comprendrons pas ce qui se passe !
Et pour réduire ce mental, il est important, au même titre que la méditation, d’aborder l’observation comme une “finalité” en soi. Dans le sens où plus nous la pratiquons avec en tête un but précis à atteindre, moins nous serons présent à l’observation et moins celle-ci sera efficace. C’est un jeu d’équilibriste et de lâcher prise entre la volonté de changer, mais d’arriver à calmer cette volonté et effectuer l’exercice pour lui-même, pour l’instant de répit qu’il offre, si nous voulons finalement des résultats dans le futur.
L’observation peut s’effectuer en fermant les yeux, ou non, en étant de préférence dans un endroit calme. Mais nous pouvons très bien tenter de dessiner, ou d’écrire en même temps ce que nous observons, si cela nous aide à entrer dans cette posture.
Rappelons enfin que s’observer demande du temps, et de surcroît au début, le temps de découvrir réellement ce qu’est l’observation elle-même. Et comme il sera précisé ultérieurement, nous augmentons nos chances de réussite en répétant l’expérience, et en essayant de créer un cadre, ou des petits rituels, qui permettent de donner tout de suite le signal à l’inconscient de rentrer dans cette posture. Et plus nous nous habituons à observer, moins nous dépensons d’énergie et plus nous serons efficace.