La démarche d’expérimentation est tout aussi importante et complémentaire que celle d’observation. Si nous mettons une casquette d’enquêteur pour l’observation, nous enfilons maintenant une blouse de scientifique pour l’expérimentation.
Intérêts et effets
La démarche d’expérimentation aide directement au changement car elle permet tout d’abord d’éviter la posture d’échec en diminuant directement les sentiments de honte, de culpabilité, de tristesse et de nullité qui peuvent en résulter. Elle permet plutôt de focaliser son attention sur toutes les informations qui se dégagent de chaque expérience, des informations qui ne peuvent être qu’utiles pour arriver au changement souhaité. Elle permet ainsi d’éviter de fausses conclusions généralisantes sur l’expérience qui risquerait alors de compliquer la démarche de changement.
Aussi, cette posture apprend à se concentrer, à réduire les taux d’attentes, de désirs, de peurs et de frustration sur le résultat attendu, et donc à nous connecter plus amplement à notre subconscient qui pourra alors plus efficacement entreprendre la démarche de changement.
La posture d’expérimentation permet donc globalement d’acquérir, ou de renforcer, une posture “positive” envers la vie, venant directement améliorer la confiance et l’estime de soi ou encore consolider l’énergie. Une tendance qui va, de façon globale, démêler et renforcer notre toile et donc aider globalement au changement.
Comment tout cela fonctionne t-il ?
Reprenons la métaphore du scientifique. Que peut-il se passer si nous n’enfilons pas de blouse ? Nous avons entendu des solutions, miracles ou non, qui auraient fonctionné sur d’autres. Notre cerveau s’emballe alors et teste la solution. Rien, ou peu se passe. Nous sommes très déçu(e)s. Nous concluons soit que la solution est entièrement inutile pour nous, soit que nous sommes un cas désespéré, alors que celle-ci était peut-être très bonne pour nous si nous avions changé seulement quelques variables de l’expérience (par exemple, si nous nous étions accordé plus de temps, si nous avions effectué cette solution dans un contexte moins stressant, si nous avions répété plusieurs fois l’expérience etc.).
Le scientifique, lui, va plutôt se dire: je ne sais pas si la solution est si miraculeuse que ça, ou n’a pas des effets secondaires délétères insidieux, ni quelles sont les particularités de la ou les personnes pour qui ça a marché. Et je ne connais pas exactement toutes les variables de l’environnement dans lequel la solution a été faite. Et comme je ne pourrai jamais être cette personne et reproduire l’environnement, je vais plutôt prendre conscience de mon environnement dans lequel j’expérimente la solution, et essayer de comprendre au fur et à mesure mes propres caractéristiques pour comprendre comment mettre mieux en place des actions pour qu’elle puisse réellement fonctionner, ou changer.
Un scientifique verra aussi l’expérience comme un test où il n’y a pas d’échec mais des informations qui sont révélées grâce à l’expérimentation. Ces informations permettront de faire avancer les recherches. Nous pouvons donc tenter une solution et découvrir ce qui, dans le contexte, fait que celle-ci ne porte pas pour le moment ses fruits. Est-ce le contexte extérieur ? Ou encore, est-ce un autre fil de notre toile qui demande à être travaillé préalablement?
Malgré notre blouse de scientifique, nous pouvons nous sentir attristé(e) par le fait de ne pas retirer les bénéfices attendus d’une solution. Et c’est normal de ressentir cette peine. Mais nous pouvons en faire une force en analysant justement quel type de croyances et d’émotions se déclenche en de telles circonstances. Peut-être que nous pouvons aussi nous sentir frustré(e) de ces échecs car nous aimerions que le changement s’effectue rapidement. Nous pouvons alors observer comment notre volonté de rapidité peut être elle-même un blocage.
L’idée principale est de prendre conscience du contexte dans lequel nous allons mettre en place une expérience, et pour cela de commencer petit (ce sujet est plus amplement étudié dans l’article sur la motivation) pour que l’expérience soit plus facilement analysée et contrôlable.
Par exemple, si nous voulons tenter comme solution posturale celle de l’observation, et que nous nous mettons pour objectif d’effectuer cette expérience tous les jours pendant 1h00, et sur un mois consécutif, nous pouvons vite rencontrer des difficultés et peiner à continuer. Alors que si nous posons un objectif plus simple, qui crée moins d’enjeu, moins de stress, tel que tenter déjà au moins 3 fois dans la semaine, 10H00, alors nous augmentons nos chances d’en retirer des bénéfices.
En effet, nous sommes en mesure de prendre le temps de mettre en place un cadre propice. D’être réellement concentré(e) pour porter son attention sur ce qui se passe, sur les éléments de réussite (une concentration plus accrue que la veille), ou sur ce qui nous empêche d’y arriver (le chien qui aboie, du stress, une émotions). Des informations qui nous permettront d’adapter au fur et à mesure nos solutions. D’être fier(e) d’avoir tenu notre objectif, ce qui nous motive d’autant plus. Ou encore, de commencer à habituer notre cerveau à effectuer ce travail, afin qu’il utilise à l’avenir moins d’énergie pour réaliser cette tâche.
Comment choisir sa première expérimentation? Tel qu’il a été vu avec les petits pas, il vaut mieux viser petit et de surcroît réaliste avec le temps qu’il nous est possible de consacrer à ces premières expérimentations. Il est aussi intéressant de trouver un équilibre entre des solutions qui apportent des effets positifs à court terme mais superficiels, et des solutions qui apportent des solutions à long terme mais dont le temps est long avant d’en ressentir les effets. Et bien sûr, de privilégier des solutions qui renforcent notre motivation, étant par exemple plus adaptées à nos ressources et nos centres d’intérêts.