Des débats philosophiques ont été menés depuis longtemps sur la question du conditionnement et du libre arbitre, ce qui peut se comprendre au regard de l’importance que joue cette variable sur notre comportement, et notre bonheur. Nous sommes conditionnés, mais nous avons une certaine liberté dessus. Et plus nous acceptons et nous comprenons notre conditionnement, plus nous gagnons en liberté d’action pour apporter les changements souhaités.
Comment tout cela fonctionne-t-il ?
Nous allons citer des théories qui n’ont, rappelons-le, pas la prétention d’être “vraies”, mais d’essayer d’approcher le vrai à la lumière des connaissances d’aujourd’hui.
Quand bien même nous avons souvent l’impression d’être maître et libre de nos pensées, nous serions des êtres majoritairement conditionnés. C’est-à-dire que nos besoins, nos désirs, nos pensées mêmes, sont globalement le fruit d’un conditionnement. Des conditionnements qui s’expriment sous forme d’habitudes, d’automatismes. La plupart nous sont transmis par la génétique puis évoluent en fonction de l’éducation reçue et des expériences vécues. De nombreuses raisons peuvent justifier un tel mécanisme de conditionnement, tel que le besoin d’économiser notre énergie.
Nous allons étudier trois parties du cerveau qui semblent jouer un rôle majeur dans la question du conditionnement. La première est le reptilien. Il aurait pour fonction de nous maintenir en vie, d’assurer les besoins fondamentaux. Le cœur qui bat, la respiration, ou encore la reproduction. A une situation qui répond à ce pourquoi il est programmé, il envoie un signal de réponse rapide au système central qui nous fait instinctivement réagir. Cette partie est très économe en énergie.
Puis nous avons le néo-limbique. C’est le pro des automatismes musculaires mais aussi de nos pensées et réactions émotionnelles. Tout au long de la vie, il va pouvoir modifier ou écrire de nouvelles règles selon les circonstances. Soit après une forte charge émotionnelle, comme un traumatisme (par exemple, un accident peut entraîner directement la création d’une règle: « avoir peur de monter en voiture »). Soit après une certaine répétition d’une action physique ou mentale. Soit e. consultant le préfrontal, tel que nous le verrons prochainement. A chaque situation vécue, le néo-limbique étudie la situation pour sortir la règle qui lui semble s’appliquer. Ses ordres arrivent généralement juste après le reptilien, car il consomme plus d’énergie et est moins rapide que ce dernier. Mais ce n’est pas le dernier de la course !
Le dernier, qui est le plus énergivore et lent, et qui caractérise notre “non-conditionnement”, serait le pré-frontal. Il semble pouvoir faire preuve de créativité et avoir du recul sur l’amas de règles du néo-limbique pour analyser les potentielles contradictions et les amener à changer. Il y a des moments, des états (notamment sous hypnose) où ce pré-frontal est particulièrement actif et performant.
L’humain est donc comme une machine partiellement codifiée, qui peut se reprogrammer elle-même. Une machine imparfaite, mais toujours en capacité de perfection. Alors autant en profiter, lorsqu’il est l’heure de retrouver son bonheur.
Les difficultés rencontrées
Le conditionnement prend principalement la forme de ce que nous pouvons appeler le processus de domestication sociétale. C’est à dire que nous n’avons pas eu la possibilité de choisir l’entièreté de nos croyances et automatisme comportemental car nous prenons fatalement une partie de celles de la société, de la famille, de l’entourage où nous grandissons. Nous avons par exemple appris à combler notre besoin de reconnaissance « d’une certaine manière » et à adopter le comportement en conséquence. Un conditionnement qui, sans recul dessus, peut entraîner des conséquences délétères pour nous tels que celle de courir après des désirs qui ne sont pas les nôtres et qui viennent en altercations avec nos besoins principaux.
Ce processus de domestication se suit d’une autodomestication. C’est à dire que notre cerveau finit par tellement intégrer des règles, et principalement celle de la punition/récompense (qui est une des formes du jugement) que nous nous autorécompensons et autopunissons tous quotidiennement (notamment via la culpabilité). Or, ce processus semble aujourd’hui poussé à l’extrême chez nombreux d’entre nous, soit par simple habitude apprise auprès de notre entourage, soit après des blessures et traumatismes ayant créés ensuite cette habitude. Nous nous retrouvons alors à être très dur(e) envers nous-même et nous jugeons notre vie entière via le prisme de l’autocritique, entraînant une dose de stress, d’insatisfaction, de culpabilité, de mauvaise estime de soi constante qui épuise à la longue le moral et la santé. Notons que par l’effet miroir des autres, nous aurons tendance à adopter ce même comportement d’auto-critique avec les autres et connaître alors des difficultés à alimenter des relations saines et paisibles.
Aussi, des contradictions peuvent naître entre les règles que le néo-limbique fabrique et entrainer du mal être. A titre d’exemple, le corps peut avoir comme règles « il est important d’être en bonne santé » mais aussi celle de « manger beaucoup d’aliment sucrée » lorsqu’il se sent stressé, réduisant alors l’état de santé global. Il peut en résulter des sentiments de conflits internes pouvant être à la longue épuisant physiquement et moralement.
Pour enfoncer le clou, non seulement les habitudes négatives deviennent délétères pour nous, mais elles ont aussi la fâcheuse tendance à s’auto-alimenter et s’auto-consolider ! En effet, la partie qui symbolise le plus les habitudes de pensée est le néo-limbique et celui-ci, rappelons-le, consomme peu d’énergie. C’est donc lui qui va facilement s’activer. Il nous faudra alors dépenser beaucoup d’énergie pour changer ces habitudes notamment via le pré-frontal. Or, les habitudes négatives ont tendance à épuiser notre énergie. Nous avons alors tendance à les laisser en place, celles-ci puisant encore plus d’énergie, rendant l’acte de changement encore moins aisé et ainsi de suite.
Les solutions, me voilà!
Il est heureusement possible d’inverser la tendance et de replacer ce conditionnement là où il nous fait du bien.
Commençons par l’étape essentielle d’observation. Observez combien la difficulté psychique, morale, que vous rencontrez, est liée à une habitude, un automatisme, quand se répète-t-elle, dans quelles circonstances?
Il restera ensuite à entreprendre le travail adapté à votre personnalité et situation, soit en créant une nouvelle habitude, soit en effectuant d’autres actions thérapeutiques, seul(e) ou accompagné(e).
Et si l’action de changement semble difficile, observez alors les autres blocages afférents rendant ce changement pour le moment impossible, tels qu’une croyance limitante, une blessure sous-jacente, ou encore un manque d’énergie ou de temps?