L’équilibre de notre toile personnelle s’imbrique dans ce que nous pouvons appeler la toile sociétale, c’est-à-dire les variables qui constituent les dynamiques principales caractéristiques de la société dans laquelle nous vivons.
Par moment, les blocages nous empêchant d’initier des changements sont dus à des facteurs sociétaux qu’il faut donc considérer et modifier pour redonner une marge d’action sur notre propre toile, et avancer. De nouveau, les grands axes sont parcourus dans l’optique d’étudier celui ou ceux qui résonnent en vous.
Comment tout cela fonctionne t-il?
De tout temps les êtres humains vont établir des modes d’organisation pour réguler les différents aspects de la vie sociétale : notre façon de vivre ensemble, de s’organiser, ou encore de canaliser les différents tempéraments. En fonction de la réalité de chaque époque, plusieurs utopies se dessinent et l’une d’entre elles se généralise sous forme de modèle qui s’installe durablement dans la société, jusqu’à ce qu’une autre prenne la relève. Ces modèles ont la caractéristique de l’être humain : loin d’être parfait, risquant à tout instant de tomber entre de mauvaises mains, et en même tant donnant l’espoir de pouvoir toujours se perfectionner et s’améliorer.
Ces modèles vont donc induire une organisation spécifique (avec des droits et obligations) et créer une « norme » de référence (en comportements conditionnés, en croyances etc.) que les adultes se chargent d’inculquer, principalement inconsciemment, à leur enfants. Chacun d’entre nous se retrouve à la fois un pied dans la norme, et un autre en dehors, à des degrés plus ou moins différents.
Ces normes, ainsi que la dynamique globale de fonctionnement du modèle, peuvent, sur certains aspects, nous apporter des avantages en termes notamment de sécurité, santé ou bien être, mais aussi des blocages et problématiques. Pour bien comprendre ces désavantages, faisons tout d’abord un tour d’horizon sur les principales caractéristiques des dynamiques sociétales actuelles.
Le modèle actuel est appelé capitalisme. Le contenu de celui-ci peut être simplifié ainsi. Dans un monde, supposé offrir des ressources illimitées pour produire, si les ressources sont massivement exploitées, et que les gens consomment toujours plus, pour produire toujours plus, toujours plus d’emplois seront alors créés et il y aura donc toujours plus de rentrées d’argent, permettant d’augmenter les salaires pour que les salariés augmentent leurs capacités de consommation pour assurer leurs besoins physiques et psychosociaux. Une augmentation de la consommation qui permettrait de produire encore plus, d’acheter encore plus et ainsi de suite. Cette dynamique entraînerait alors un sentiment d’ascension, d’élévation constante, d’augmentation du bien être individuel et sociétal.
Il est demandé pour cela aux citoyens de bien vouloir œuvrer au bon fonctionnement de ce modèle. Ce qui peut se résumer aujourd’hui à ce que chaque corps de métier ait assez de salariés, et que ces salariés acceptent majoritairement de travailler un certain nombres d’heures, dans des conditions spécifiques, et gagner un certain revenu pour pouvoir soutenir la consommation et satisfaire par ce biais leurs propres besoins. Des besoins eux-mêmes manipulés et influencés par la société dans laquelle nous vivons, que nous pouvons caractériser actuellement comme principalement matérialiste et narcissique (dans le sens majoritairement tournés vers le confort matériel et l’image de soi).
Comme ce modèle reste une invention des êtres humains, ses postulats, notamment sur l’aspect « illimité » des ressources, ne pouvaient être exacts. Par conséquent, des aménagements sont continuellement mis en place pour permettre à ce modèle de subsister. Par exemple, les bénéfices recherchés par les organismes peuvent finalement être atteints en cherchant à baisser au maximum le coût de production (en limitant la hausse des salaires, en cherchant des coûts salariaux les plus bas possible à l’étranger, en exportant le maximum de matières premières et produits transformés à bas coûts, en créant de nouveaux produits plus économique à fabriquer etc.). Cette recherche de baisse des coûts de production s’effectue dans une concurrence de plus en plus rapide et tendue avec les autres acteurs devenant de plus en plus nombreux avec l’évolution démographique et la mondialisation.
Pour tenir cette concurrence, un besoin accru d’implication des salariés dans leur travail se fait ressentir. Les organismes recherchent des mobilisations psychiques de plus en plus grande de la part de leurs salariés. Et ces salariés eux-mêmes accordent beaucoup d’importance à leur réussite professionnelle pour leur bien être personnel.
Au delà de la motivation, la concurrence (en matière de production, de consommation, ou encore d’innovation) tient grâce à la rapidité. Et le digital en est un instrument majeur en optimisant notamment le travail mais en accélérant aussi des interférences de toute part, aussi bien dans la sphère professionnelle que personnelle. Des interférences auxquelles s’ajoutent tout une organisation en mode « gestion » pour optimiser les déplacements ou encore la production. Une gestion qui a notamment impliqué une augmentation accrue de tout ce qui se nomme démarche « administrative », aussi bien manuscrite que dématérialisée.
Tous ces phénomènes imbriqués les uns avec les autres ont créé celui plus global de complexification et d’opacification des dynamiques sociétales. C’est comme si aujourd’hui nous étions pris dans une toile bien plus grande que celle des générations précédentes. Et plus une toile est grande, plus il est difficile de la comprendre, de la maitriser, de voir tous les pans de celle-ci. Plus il devient difficiles de savoir les répercutions de nos actions sur les autres pans de la toile. La mondialisation en est donc un exemple, comme notre consommation dans le supermarché local qui a des retentissements au bout de monde de part l’origine mondiale des produits, sans que nous puissions réellement savoir la régularité de la composition des produits ni l’impact qu’implique notre acte de consommation.
Lorsque nos croyances, certitudes et besoins propres sont en contradiction avec une ou plusieurs de ces dynamiques globales sociétales, plusieurs difficultés peuvent se rencontrer.
Les difficultés rencontrées
La première difficulté est lorsque nous nous retrouvons en dehors des normes sociétales, nous risquons de vivre le sentiment de rejet, d’inutilité sociale, ou encore de honte, pouvant diminuer l’estime de soi.
Aussi, les besoins et désirs dictés par les grands organismes ne sont pas toujours sains pour nous. Le monde de l’industrie va par exemple manipuler notre rapport à notre propre image afin de nous donner l’impression de ne pas être parfait tel que nous sommes pour chercher constamment à atteindre un idéal qui nous fait augmenter nos besoins d’achats. Aussi, la sur-implication du salarié peut causer des problématiques graves de santé.
Par ailleurs, tel qu’il a été vu dans l’article dédié à ce sujet, les dynamiques actuelles créant un rapport au temps de plus en plus tendu, cumulées au phénomène d’opacité et de complexification vu plus haut, de nombreuses problématiques rencontrées peuvent en être directement liées: manque d’énergie car manque de temps pour se reposer, pouvant entrainer une baisse de moral jusqu’à la dépression, manque de temps pour réfléchir et comprendre ce qui se passe, manque de temps pour mettre en place les changements nécessaires etc.
Aussi, nous pouvons nous retrouver pris dans des modes de vie qui sont pourtant contradictoires avec nos valeurs profondes (sur l’écologie, sur les diverses injustices etc.) et créer en nous des sentiments de conflits.
Enfin, la santé peut devenir un sujet compliqué dans la société. En effet, quand bien même les progrès de la médecin sont indéniable, d’autres pans viennent noircir le tableau: le manque de recul sur l’impact de tous les produits chimiques créés et inondant le marché ou encore les multiples tensions, imbrications, et complexification de vie qui entrainent une charge de stress de plus en plus grande.
De surcroit, dans le monde de la consommation, les organismes ont tendance à faire miroiter des produits ou services miracles en cherchant des effets à court terme et passant sous le tapis les effets indésirables à long terme qui finiront par être attribués par les consommateurs à d’autres causes.
Les solutions, me voilà !
A chacun de trouver sa place, dans une société qui sera toujours perfectible mais jonchée d’imperfections. A chacun de trouver l’équilibre entre son besoin d’œuvrer pour la société, de croire en de possibles améliorations, et de satisfaire ses propres besoins tels que de reconnaissance ou plus simplement financier.
La question principale peut être celle de trouver comment réduire les effets néfastes induits par le modèle actuel, en trouvant notamment comment réduire son stress, comment regagner du temps, de la santé, comment être plus en phase avec ses valeurs, ou encore ses besoins profonds.
Cela demandera d’observer dans un premier temps pour quelles raisons nous en sommes arrivé(e) là : pourquoi avoir choisi tel travail et avoir du mal à s’en sortir si nous y sommes malheureux et y perdons notamment notre santé? Quelle blessure serait peut-être aux commandes ? Pourquoi avoir besoin de tant d’argent qui empêche pourtant d’avoir ce précieux temps, pour soi, pour ses enfants? A quel point est-ce difficile pour nous de nous éloigner de la “norme sociétale”, et quelle émotion (peur honte etc.) cela réveille en nous, quelle croyance y est attachée ?
Après avoir mis le doigt sur les mécanismes et problématiques sous-jacents, libre à nous d’expérimenter ce qui marche pour nous : du travail thérapeutique aux actions de répétition de mécanismes positifs. Enfin, des solutions sur le mode de vie peuvent être directement expérimentées, notamment quand le besoin principal est d’être plus en accord avec ses valeurs.